Interview d’un oculariste : passion, précision et empathie

Interview d’un oculariste : passion, précision et empathie

Lorsqu'on évoque les prothèses oculaires, on pense souvent à un dispositif médical. Mais...
2025-09-05T00:00:00+02:00

Lorsqu'on évoque les prothèses oculaires, on pense souvent à un dispositif médical. Mais on oublie parfois l’humain derrière sa conception. L’oculariste est ce professionnel clé, à mi-chemin entre l’artisan et le soignant, qui accompagne les patients dans une étape importante de leur vie. Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir les coulisses de ce métier hors du commun à travers le témoignage de Jacques Merciere, oculariste depuis plus de 30 ans au laboratoire Dencott basé 217 rue St Honoré à Paris 75001. Entre passion, technicité et écoute, il nous partage son quotidien et sa vision de son métier.

Un métier au croisement de la science et de l’art

La précision au service du réalisme

« Chaque prothèse est unique », commence Jacques. « Je conçois chaque prothèse oculaire à la main, en respectant scrupuleusement la forme de la cavité oculaire, la couleur de l’iris et les détails de la sclère (le blanc de l’œil). »

Le métier d’oculariste demande une maîtrise technique impressionnante. En plus d’un savoir-faire manuel, la peintre utilise des pigments, des mini-instruments et des moules pour façonner une prothèse indétectable. Le moindre détail compte : « Un petit vaisseau sanguin peint au bon endroit peut tout changer dans le rendu final. »

Une formation exigeante

En France, la profession d’oculariste est rare et très spécialisée. Les professionnels sont peu nombreux, formés via des cursus en optique suivis de spécialisations en prothése oculaire. « C’est un métier d’expérience. Il faut des années pour développer l’œil et la main », précise Jacques.

L’humain au cœur de la pratique

Un accompagnement tout en délicatesse

Le rôle de l’oculariste dépasse largement la technique. Il est souvent l’un des premiers interlocuteurs après une chirurgie oculaire lourde ou un traumatisme. « Beaucoup de mes patients viennent après une période très difficile », explique Jacques. « Mon premier rôle, c’est de les écouter, de comprendre leurs histoires, leurs appréhensions et leurs besoins. »

L’entretien initial est un moment clé pour créer un climat de confiance. « Il n’y a pas que la fonction esthétique. Il y a aussi tout le vécu, les émotions, la reconstruction personnelle. Et ça, je le prends très au sérieux. »

Les enfants, un accompagnement particulier

Travailler avec de jeunes patients représente un aspect particulier du métier. « Avec les enfants, il faut être encore plus pédagogue. On fait souvent appel à des jeux, à des explications imagées. Et il faut aussi rassurer les parents. Le lien qu’on crée est souvent très fort. »

Les prothèses pour enfants doivent aussi être ajustées régulièrement pour suivre la croissance, ce qui implique un suivi sur le long terme. « On les voit grandir. C’est très touchant et très motivant. »

Le processus de création : entre rigueur et sur-mesure

Étapes clés de fabrication

La confection d’une prothèse oculaire suit un protocole précis. Après un premier rendez-vous d’échange, l’oculariste réalise une empreinte de l’orbite ou de l’éviscération à l’aide de matériaux souples. Cette empreinte servira de base au moule pour façonner la prothèse.

Ensuite, la peinture de l’iris et de la sclère commence. « Je peins l'iris à la main, couche par couche, pour obtenir un effet de transparence. Puis je viens ajouter les détails comme les vaisseaux, avant d'assembler l'ensemble avec la coque prothétique. »

La dernière étape consiste en l’ajustement la cavité. Cette phase permet de vérifier le confort, la mobilité et l’esthétique de l’œil prothétique.

Des matériaux sûrs et confortables

Les prothèses oculaires modernes sont généralement fabriquées à base de résine acrylique, un matériau testé, biocompatible et léger. Il remplace avantageusement les anciens modèles en verre. 

Un métier en constante évolution

Innovations et techniques numériques

L'oculariste évolue sans cesse. Si le travail manuel reste central, de nouveaux outils numériques apparaissent. « On commence à voir des scanners 3D ou des impressions assistées par ordinateur. Mais pour l'instant, la main humaine reste irremplaçable pour peindre un iris vivant ».

Dans les années à venir, Jacques espère voir des progrès dans les matériaux, la mobilité des implants et peut-être une personnalisation encore plus poussée grâce à la modélisation numérique.

Un engagement professionnel fort

Pour Jacques, être oculariste n’est pas un simple métier : « C’est une vocation. J’aime savoir que je redonne la vie au regard, aux gens une confiance, une continuité dans leur vie. Parfois, après la pose de la prothèse, les patients me disent : ‘je me reconnais à nouveau dans le miroir’. Ça n’a pas de prix. »

Conclusion : Un métier de passion

L’oculariste joue un rôle essentiel dans le parcours de soin du porteur de prothèse oculaire. À travers son savoir-faire, il allie précision médicale, sens artistique et profonde empathie humaine. Derrière chaque œil artificiel se cache un spécialiste passionné, mais surtout un professionnel au service d’un projet de vie.

Si vous ou un proche êtes concerné par une future prothèse oculaire, n’hésitez pas à rencontrer un oculariste. Un bon professionnel saura répondre à vos questions, vous accompagner dans les différentes étapes, et surtout, vous aider à retrouver une image de vous apaisée et fidèle à qui vous êtes.